Hommage a SAMORA MACHEL

Le 19 octobre 1969, le Président SAMORA MACHEL rendait l’âme dans la carcasse de son avion tombé en territoire sud-africain. A l’intérieur même de la citadelle de l’apartheid contre laquelle le prestigieux dirigeant mozambicain livrait son dernier combat. Il revenait de Lusaka où les pays de la ligne de front coordonnaient leur action face aux manœuvres de l’apartheid pour entretenir une tension et semer des divisions si nécessaires à l’exécution de ses desseins.

SAMORA MACHEL a d’abord été l’homme qui a pris le flambeau des mains du martyr MONDLANE et conduit la lutte de libération nationale de son peuple au triomphe sur cinq siècles de domination coloniale. Il a été ensuite le bâtisseur persévérant d’une société non raciale qui ambitionnait de faire de l’unité de son peuple l’arme absolue contre les déchirements dont le régime raciste de Pretoria s’est ingénié à faire lot du Mozambique.

Dans l’adversité d’un lourd héritage colonial, SAMORA MACHEL s’est épuisé à une tâche pour laquelle il a déployé son esprit alerte, son intelligence vive, sa mémoire admirable de fidélité et de précision. Dans la lueur de ses yeux toujours en mouvement, se lisait la formidable perspicacité d’un homme curieux de l’expérience d’autrui, spontané dans ses questions, toujours affable et chaleureux dans ses commentaires et ses avis.

« Passionnant et captivant ses auditoires », comme disait de lui JULIUS NYERERE, l’un des hommes d’Etat africains qui l’ont le mieux connu, SAMORA MACHEL a su libérer les énergies enfouies dans son peuple pour relever les défis multiples qui s’imposaient à lui.

Il a su faire entendre la voix de son peuple au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine et du Mouvement des Pays Non Alignés, où il exprimait avec son assurance tranquille des convictions profondes.

SAMORA MACHEL a rencontré tôt l’Algérie. Celle d’abord d’une lutte armée de libération nationale dont il se plaisait à établir l’exemplarité pour l’éveil du peuple mozambicain à la violence libératrice. Celle ensuite d’une Algérie victorieuse qui lui a dispensé, ainsi qu’à d’autres freedom fighters de l’Afrique combattante, une formation militaire et leur a prodigué son aide fraternelle. Celle enfin qui l’a accueilli, plusieurs fois, Chef d’un Etat ami, grandi par les épreuves et porté par les engagements de sa jeunesse qui ont muri en lui en terre algérienne.

Recevant le Chef de l’Etat algérien à Maputo, en avril 1981, dans une fête populaire débordante de spontanéité, SAMORA MACHEL s’est exclamé en direction de ses compatriotes : « Souvenez-vous ! c’est avec les armes arrachées aux colonialistes par les combattants algériens que nous avons déclenché notre propre Révolution. Ces mêmes armes ont servi à la libération du peuple du Zimbabwe ! C’est de cela que, lors du 4ème Congrès du FRELIMO, il a tenu à faire, pour l’histoire, une démonstration éclatante de vérité. Renonçant au discours, il fait appel au parcours de chacun des militants rassemblés. « Que tous ceux qui ont « fait » l’Algérie se lèvent » s’est-il contenté de dire. Les deux tiers des congressistes se mirent debout pour acclamer longuement et posément l’Algérie.

C’est cette page glorieuse de l’histoire de l’Afrique combattante que SAMORA MACHEL a chargé l’un de ses conseillers, illustre parmi les innombrables amis de notre pays, le Professeur AQUINO DE BRAGANÇA, d’immortaliser dans les conclusions d’un séminaire que ce dernier préparait avec minutie jusqu’au moment où la mort l’a happé avec les autres compagnons de voyage du grand dirigeant disparu.

C’est cet homme d’exception que le Mozambique, l’Algérie et l’Afrique ont perdu à Mbuzini le 19 octobre 1986. Tous ceux qui l’ont connu ne se lasseront pas d’évoquer sa mémoire avec le respect que force son œuvre dont son successeur et ses autres compagnons d’armes sont les dignes héritiers.

AMBASSADE D’ALGERIE A MAPUTO