MEMOIRE :

IL Y A SOIXANTE-DIX ANS, LES MASSACRES DU 8 MAI 1945

08/05/2015 pas d'image

Il y a soixante-dix ans, la France coloniale opposait, dans le Constantinois, une répression sanglante à des milliers d’Algériens qui manifestaient pacifiquement leur désir de se libérer du joug colonial.
Au moment où la victoire sur le nazisme laissait exalter joie et passion de l’autre coté de la méditerranée, les forces coloniales, appuyées par des colons armés, s’étaient illustrées par des opérations d’une extrême brutalité.
A Sétif, Guelma et Kherrata, la répression coloniale a fait 45.000 morts, selon des témoignages repris par des historiens.
Aux rassemblements organisés dans différentes villes de l’est du pays, au cours desquels était brandi le drapeau algérien, les forces coloniales répondaient par une campagne féroce qui durera six longues semaines.
Les témoignages font état d’un nombre impressionnant de militaires déployés dans les villes, les villages et les mechtas. L’entrée en action de l’aviation et de la marine, renseignait sur la férocité de la répression, indiquent-ils. Même les montagnes où se réfugiaient les survivants étaient passés au peigne fin par les forces coloniales qui décrètent couvre- feu et loi martiale.
Selon des historiens, l’objectif de cette répression était d’étouffer la volonté de s’affranchir du colonialisme, au nom du principe sacro-saint du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Elle visait également à tuer l’espoir d’émancipation du peuple, né de la victoire sur le nazisme pour laquelle un grand nombre d’Algériens s’étaient sacrifiés.
Une des plus sombres pages du colonialisme
La France coloniale, analysent ces historiens, venait ainsi d’écrire une des plus sombres pages de sa colonisation en Algérie en même temps qu’elle achevait de convaincre les acteurs du mouvement national de la nécessité de la lutte armée.
Il est utile de souligner qu’un long silence avait été imposé à ces événements du coté français avant que l’ancien ambassadeur, Hubert colin de Verdière, les qualifie, en février 2005, de « tragédie inexcusable ». Trois ans plus tard, son successeur, Bernard Bajolet déclare que ces massacres « sont une insulte aux principes fondateurs de la République française ».
En visite à Alger en décembre 2012, le président Hollande, au nom du « devoir de vérité», fait-il observer, reconnaît les « souffrances infligées par la colonisation » et cite « les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata ».
Dans la même optique, le secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, M. Todeschini déposait, il y a trois semaines à Sétif, une gerbe au mausolée de la première victime de ces événements. Un geste qu’il qualifie de « fort » et « concret » et que le ministre des moudjahidine, Tayeb Zitouni juge « appréciable » mais « insuffisant».
Dire la « vérité sur la guerre d’Algérie » n’inclut pas, aux yeux de la France officielle, une quelconque reconnaissance des crimes perpétrés en Algérie, relèvent des historiens. Enfin, l’Algérie, elle, invite à une « lecture objective de l’histoire loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels ».